Comme vous avez pu le lire dans nos articles sur les animations et événements du mois de décembre à Grimaud et Saint-Tropez, les traditions de Noël provençales sont encore très présentes dans les villages du Golfe. Aussi, nous aimerions vous présenter deux d’entre elles dans cet article : les 13 desserts de la veille de Noël et les santons à déposer dans la crèche.
L’histoire des 13 desserts
C’est par le chacho-fio que tout prend vie, au moment où le plus jeune enfant et l’aîné de la fratrie déposent une bûche d’arbre fruitier dans le foyer familial. Ce n’est qu’après avoir fait trois fois le tour de la table qu’ils déposent la bûche sur les braises, en l’ayant au préalable trempée dans du vin chaud.
Un sacrément qui s’accompagne de paroles de circonstances, dès que débute notre rituel. Le terme approprié étant « mettre le feu », tous deux s’adonnent avec beaucoup de sérieux à cette mission. C’est que la bûche flambera jusqu’à minuit, puis se remettra à brûler de la sorte chaque soir qui mènera à la nouvelle année. Une confiance dont ils ne sont pas peu fiers !
Le Grand Souper peut enfin être servi, un repas très copieux mais maigre, donc sans viande. Les 7 blessures du Christ sont représentées par les 7 plats en présence, faits de produits locaux différents, selon que vous habitiez l’arrière-pays ou sur la côte. Le repas débute par de l’eau bouillie à l’ail (en provençal l’ago boulido), se poursuit par des plats de poisson et les escargots d’épinards.
La table se doit d’être habillée de 3 nappes, sur lesquelles sont disposées 3 bougies, un décor représentatif qui a son importance. Cette disposition accompagne les plats de treize pains, en commémoration de la dernière Cène entre Jésus et ses apôtres. C’est là où s’explique la place laissée libre pour le voyageur, celle du pauvre qui peut à tout moment venir frapper à la porte.
Les 13 desserts font leur apparition en fin de repas, une tradition à laquelle nous tenons tout particulièrement. C’est dans le respect le plus total qu’est transmise cette coutume, quand bien même tous ne perpétuent pas le Grand Souper. Le nombre est toujours pareil, cependant les desserts peuvent varier. Certains produits de base demeurent quoi qu’il en soit :
- Les Nougats blanc et noir, qui sont à base d’amandes, de sucre et de miel. Pour être bien crémeux, un nougat blanc doit contenir des blancs d’œufs. Le noir quant-à-lui cuit plus longuement, de façon à obtenir une jolie teinte brune croquante.
- Le Gibacier est un pain à croûte molle et mie moelleuse, composé de farine, d’huile d’olive et parfumé à la fleur d’oranger. D’autres appellations lui sont prêtées, la fougasse ou “pompe à huile”, en raison de la tradition.
- Les Quatre Mendiants sont là pour symboliser les Grands Ordres Chrétiens Mendiants : Pour les dominicains des amandes, pour les augustins des raisins secs, pour les franciscains des figues et pour les carmélites des noisettes.
- Les fruits et bonbons sont au goût de chacun : oranges, raisins, melons miellat, pommes, poires, mandarines, prunes, dattes, gelée ou confiture de coing, pruneaux et fruits confits… sans oublier les célèbres calissons d’Aix en Provence. Chaque village ajoute sa spécialité : Biscuits aux pignons de pin, oreillettes, panade et autres.
Les Santons de Provence
Ce sont des reproductions sculptées à la main des sujets de la nativité, des petites figurines qui y sont déposées pour les fêtes de Noël. La plus modeste crèche se compose de Marie, Joseph et de l’enfant Jésus, qui devra attendre le 24 décembre à minuit pour être déposé entre ses parents. Le taureau et l’âne sont là pour réchauffer l’enfant de leur souffle, les 3 rois mages s’en viennent quant-à-eux à l’épiphanie.
Les origines de nos traditionnels Santons remontent au 14 juillet 1789, du temps où la révolution française a fait que les églises deviennent propriété de l’État français… avant que l’Assemblée Nationale décide de toutes les fermer. Jusque-là nombre de personnages représentatifs des villageois provençaux s’y ajoutaient. Ils incarnaient les coutumes de notre région, par le biais d’un artisanat respectueux des traditions… pour la plus grande joie des collectionneurs !
La religion étant fortement ancrée dans la mémoire collective, les croyants avaient pris l’habitude d’aller voir la crèche de Noël à l’église. Ces dernières étant désormais fermées, les gens prirent l’habitude de les confectionner par eux même à la maison, en cachette puisque c’était interdit. C’est de la Provence qu’est née cette coutume où, pour facilement les dissimuler, de très petites figurines ont pris forme.
Leur fabrication artisanale a débuté dans une petite entreprise, où Louis Lagnel trouva une idée ingénieuse pour façonner ses Santons. Les premiers moules en plâtre naquirent alors en 1798, pour rendre possible leur production en masse. Une toute nouvelle technologie qui a élargi la distribution au public, des «Penny Santons» qui ont permis que chacun possède sa propre crèche.
L’arrivée des maîtres santonniers de Provence au XIXe siècle a fait que la tradition des Santons puisse enfin prendre son essor. Les figurines d’argile ont alors emprunté les traits de la vie quotidienne et du labeur. Plus d’une centaine de personnages existent à ce jour, nés de l’esprit indépendant de chaque santonnier. Les plus appréciés d’entre tous sont ceux de Marcel Carbonel, sous les traits de quelques réalisations :
- Le boulanger
- Le cueilleur d’olives
- Le notaire
- La gitane
En visitant la Côte d’Azur et plus particulièrement Port Grimaud cet hiver, pensez à ramener quelques santons à la maison. Ce sont des souvenirs originaux à partager avec les vôtres ou à offrir en cadeau. Des foires aux santons sont organisées entre novembre et janvier à Aix-en-Provence, Aubagne ou Marseille. D’autres plus modestes mais tout aussi charmantes sont ainsi disséminées partout en Provence.
Pour les curieux et fervents admirateurs, un musée est dédié aux Santons et Traditions provençales à Fontaine de Vaucluse.